Combattre son égo

Publié le par Serge

"Combattre son égo", cette phrase revient sans arrêt dans les arts martiaux et quand on pose la question à un maitre on a quand même droit à tout un exposé métaphysique du moi. Ok, après j'en fais quoi dans ma pratique?

Il y a différents niveaux de compréhension comme dans tous les principes liés aux arts martiaux, mais le premier repère que l'on peut se donner c'est l'aspect physique pure, c'est à dire "à quoi va me servir cette histoire d'égo dans ma frappe"? En kyusho, si l'on veut activer correctement les points, il va falloir être complétement détendu, ça veut dire que, si je frappe mon adversaire avec une force brutale et musculaire du genre "je vais lui montrer qui c'est Raoul", je n'aurai pas l'effet escompté. Mettre son égo de côté va me permettre de frapper comme un enfant de 7ans et développer l'énergie nécessaire à l'activation du point.

Une autre possibilité de progression avec l'égo, c'est d'accepter de rater, accepter qu'une frappe n'engendre pas toujours les effets maximum donc accepter d'être faillible, surtout en kyusho où la plupart des gens cherchent le K.O de niveau 3 alors qu'il faut parfois se contenter d'un niveau 1, mais rester réactif pour pouvoir enchainer d'autres techniques.

Ensuite, vaincre son égo, c'est aussi accepter qu'on ne connaissent pas tout, que même avec un niveau avancé, on peut encore apprendre de tout le monde. Parfois ce n'est qu'une information infime mais qui peut avoir des effets sur toute notre pratique, si je pense tout savoir, je ne suis plus attentif aux autres et à ce qu'ils peuvent m'apporter, je deviens hermétique et mon évolution est ainsi freinée.

L'application ultime (à mon avis) c'est dans la self défense, dans le cas d'une provocation: laisser l'autre penser qu'il est le meilleur. Pourquoi se battre pour une place de parking, ou pour une queue de poisson, est ce que ça en vaut vraiment la peine? on a tous une vie, des parents, des enfants, des choses auxquelles on tient. Est ce qu'il faut prendre le risque de tout perdre parce qu'un abruti a cherché à prouver qu'il est meilleur que vous? Qu'il le soit, peut importe, ça ne remettra rien en question à votre niveau si vous êtes clair avec vous même. Surtout qu'une simple altercation peut rapidement dégénérer vers quelque chose de plus sérieux voir des actes de vengeance où celui qui a été rossé revient avec dix de ses potes, sans compter les possibles conséquences judiciaires et autres dommages et intérêts si vous estropiez votre agresseur.

C'est quand même difficile parce que la frustration est grande, quand on pense à ce qu'on aurait pu faire, surtout quand on s'est entrainé des années. Mais il faut rester raisonnable et bien peser le pour et le contre. Après c'est le choix de chacun, mais"le vrai courage est de faire ce qui est juste". Dans l'agression surprise, l'égo au placard doit vous permettre de vous sauver en courant (si possible) sans vous retourner et sans honte, pour sauver votre vie. Le but est de rentrer vivant à la maison retrouver sa famille. Et pas se retrouver entre quatre planches parce qu'on a voulu jouer au héro qui "casse la gueule à tous le monde".

Pour conclure,le travail sur l'égo dans les arts martiaux doit, à mon avis, vous permettre de développer un sens des risques, des priorités et de la justice, de l'importance des choses qui devrait vous permettre de prendre les meilleures décisions possibled et ce, dans tous les domaines de votre vie. 

Publié dans Pensées martiales

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